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Système herbager Lait : ils misent tout sur l’herbe

Installés en production laitière bio, Lucie Winckler, Erwan Cutullic et Gwenolé Le Bec ont mis en place un système simple et efficace pour dégager du temps et du revenu.

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Avec le retour du beau temps, c’est la saison des fauches au Gaec de Kerchernec à Mellac (Finistère). « À cette période, on consulte la météo au moins 5 fois par jour », admet Erwan Cutulllic, associé avec sa conjointe Lucie et un ami d’enfance Gwenolé. D’ici au 30 juin, près de 80 ha auront été fauchés et enrubannés afin de créer des stocks pour l’automne et l’hiver.

Valoriser le lait en bio à moindre coût

L’herbe est au cœur de la stratégie de la ferme de Kerchernec qu’elle soit fauchée ou pâturée. « C’est la première année avec un assolement 100 % herbe. Jusqu’à présent, nous avions conservé 2 à 4 ha de maïs », poursuit le trentenaire. Le contexte pédoclimatique du sud du Finistère le permet grâce à des sols portants (sablo-limoneux) et une pluviométrie suffisante (1 000 mm/an).

 

Le boviduc fait 12 m de longueur sur 2,5 m de largeur et 2 m de hauteur. © I. Lejas

« Notre objectif est de valoriser notre lait en bio en le produisant à moindre coût », résument les trois jeunes producteurs, installés après avoir travaillé chacun une dizaine d’années dans le domaine agricole (Inrae, chambre d’agriculture et élevage agricole). Erwan s’est installé le premier en 2014, en remplaçant son père au sein d’un Gaec constitué avec son oncle. Au départ en retraite de ce dernier, en 2017, Lucie et Gwenolé l’ont rejoint sur l’élevage converti au bio.

Priorité au pâturage

L’organisation du Gaec est calée sur la pousse de l’herbe. Les vêlages sont groupés au printemps (2/3 des vaches) et à l’automne (1/3) pour valoriser au mieux le pâturage. L’an passé, il n’y a eu que vingt-huit jours sans pâturage. Le Gaec a créé un tableau Excel pour suivre la pousse de l’herbe et réaliser un calendrier de pâturage. Il a déjà cinq ans de recul sur le rendement des prairies.

 

Les veaux sont logés dans un parc avec une cabane en bois. © I. Lejas

L’exploitation bénéficie d’un sérieux atout : son parcellaire avec 84 ha groupés autour des bâtiments. Les surfaces en zone humides sont réservées aux vaches taries et aux génisses. « Le système était déjà herbager avant mon installation. Les agrandissements se sont toujours faits en prenant en compte ce critère d’accès », justifie Erwan.

Seul un îlot de 30 ha restait accessible par une route communale passante. Après réflexion, les associés ont décidé de construire un boviduc pour assurer un passage sécurisé en juin 2018. En parallèle, de gros travaux ont été entrepris pour créer 1,8 km de chemins stabilisés et desservir tous les paddocks. « Nous avons investi 100 000 € dont la moitié pour le boviduc (avec 23 000 € d’aides du conseil régional (Feader) et de la commune) », détaille Gwenolé.

À cette occasion, les trois associés ont démarré la monotraite. « Nous l’avons testé durant trois mois, puis un peu plus l’année suivante, en nous inspirant de collègues (lire l’encadré) et des essais menés par la chambre d’agriculture et l’Inrae. Cette année, nous allons l’assurer ainsi du 15 mars au 15 décembre », raconte Lucie. Il n’y a plus d’astreinte l’après-midi. Et cela réduit aussi les déplacements des animaux, car les paddocks les plus éloignés se situent à plus d’1,5 km de la salle de traite.

Simplifier le travail

En monotraite, chaque associé fait deux à trois traites par semaine. Le principal inconvénient reste le risque de mammites. C’est pourquoi la traite reprend deux fois par jour en période hivernale. La stabulation sur aire paillée est restreinte en surface (68 places) et les associés ne veulent prendre aucun risque. Pour limiter les pics de travail des vêlages, les veaux sont laissés au champ avec leur mère avec une gestion du troupeau en deux lots. Une organisation qui offre aux éleveurs de se libérer cinq semaines de vacances par an et un week-end sur deux.

L’élevage produit moins de lait avec la monotraite. Il compense avec une meilleure valorisation du produit (504 €/1 000 l en moyenne en 2019-2020), et surtout très peu de charges. Avec plus de deux tiers de la ration des animaux issus du pâturage, aucun apport de concentrés, ni de minéraux, le coût alimentaire s’établit à 23 €/1 000 l (vaches et génisses).

Pour l’instant, les principaux investissements ont concerné les aménagements pour le pâturage. La salle de traite, le hangar de stockage, la stabulation des génisses et celle des vaches laitières datent des années 1980. Le Gaec dispose de peu de matériel (2 tracteurs de 90 ch, 1 faneuse…) et il travaille avec une Cuma notamment pour les récoltes (andaineur, faucheuse, enrubanneuse…). Les associés réfléchissent à couvrir une partie de l’aire d’exercice, qui est vaste, pour agrandir l’aire paillée et à monter un hangar photovoltaïque afin de stocker du fourrage.

Isabelle Lejas

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